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Romain Gagnon

Les affaires et l’après-coronavirus


Qu’on se le dise d’emblée, le monde des affaires ne sera plus jamais le même à la suite de cette pandémie internationale et les 5 à 7 de chambre de commerce avec généreuses poignées de main aux étrangers ne seront pas les seules victimes. D’abord, la mobilité internationale des marchandises et du personnel sera fortement restreinte. Certes, le commerce international est nettement avantageux sur le plan économique et n’a jamais été aussi florissant qu’au XXIème siècle. Toutefois, lorsque les frontières se referment pour des raisons politiques ou sanitaires, nous prenons conscience des inconvénients d’une telle interdépendance. Comme autrefois, le premier réflexe redeviendra de produire localement, quitte à augmenter les coûts de production.


Depuis les événements du 11 septembre 2001, l’expérience de prendre l’avion n’a plus jamais été la même. Je prédis que la pandémie actuelle aura encore plus d’impact. Les douaniers procéderont désormais à des tests de dépistage d’infection auprès des voyageurs internationaux. La température corporelle sera systématiquement mesurée afin de détecter une fièvre et le cas échéant, le voyageur sera placé en quarantaine. Depuis une quinzaine d’années, la mode était non seulement à la croissance internationale mais aussi à la gestion centralisée. Par conséquent, voyager à l’internationale était rendu monnaie courante pour les membres de l’exécutif. Cette pratique sera désormais moins privilégiée.

Le commerce en ligne avait déjà métamorphosé le commerce de détail. La présente pandémie achèvera cette métamorphose. Tout nouveau plan d’affaires pour la manufacture de biens de consommation devra forcément appuyer sa croissance principalement ou exclusivement sur le commerce en ligne. Certains services seront également touchés. Notamment, plusieurs psychologues et notaires ont découvert les vertus des logiciels de téléconférence durant la pandémie. Comme on dit, le besoin crée l’usage. Or, plusieurs y ont pris goût.


Déjà le travail à domicile gagnait de plus en plus d’adeptes. Il y a fort à parier que cette tendance s’accélèrera. Bien sûr, certains métiers se prêtent mal au travail à distance, mais bien des professionnels seraient plus efficaces à la maison. Non seulement, le travailleur sauve au bas mot une heure de transport par jour, ce qui représente un gain de productivité de 12% mais en plus, son empreinte environnementale est moindre. L’obstacle inavoué au travail à distance est souvent l’inaptitude du superviseur à développer des métriques pour mesurer la performance de ses employés. Ainsi, il se donne bonne conscience en gardant ses subalternes à l’œil. Il est temps de s’attaquer au vrai problème.


La popularité du télétravail plantera le dernier clou dans le cercueil des serveurs de données classiques. L’infonuagique sera désormais la norme. De plus, les infrastructures de communication informatique devront suivre la parade. Durant la présente pandémie, plusieurs employés n’arrivent pas à travailler de leur domicile car l’accès aux données est trop lent, les réseaux n’ayant pas été prévus en conséquence. Même Facebook affiche parfois une lenteur accablante. Bref, les entreprises se virtualiseront davantage tout comme les institutions d’enseignement.


Mais à quoi bon réduire les risques de contamination en travaillant à domicile si on envoie toujours les enfants à la garderie ou à l’école ? Déjà avant l’ère du coronavirus, les garderies étaient des nids à microbes et les jeunes enfants, les principaux vecteurs de contamination dans la société. Plusieurs petites familles considéreront possiblement revenir à l’ancienne et garder leurs jeunes enfants à la maison.


Au siècle dernier, l’un des deux parents, plus souvent qu’autrement la mère, ne travaillait pas et était disponible pour s’occuper des enfants. Aujourd’hui, cette pratique est hélas rendue un luxe que peu de familles peuvent se payer. En revanche, si les parents travaillent de la maison, pourquoi ne pourraient-ils pas garder les enfants ? Si nos arrière-grands-mères arrivaient à garder plusieurs petits enfants à elle seule, est-il utopique pour deux parents d’en garder un ou deux ?


Cette question révèle une lacune de l’éducation contemporaine. Aujourd’hui, nos enfants sont intellectuellement surstimulés. Cela comporte ses avantages – cette génération est plus habile avec l’informatique – mais aussi ses inconvénients – les enfants ont développé une dépendance à cette stimulation incessante. De plus, les parents modernes ont développé l’habitude de donner toute leur attention à leurs enfants le peu de temps qu’ils les voient. Par conséquent, peu de parents arrivent à travailler à la maison quand les enfants sont présents parce qu’ils sont trop accaparants ; ils ne sont pas assez autonomes pour s’occuper seuls, contrairement aux enfants de la génération des boomers ou X.


Toutefois, en travaillent de la maison tout en gardant les enfants, les nouveaux parents réussiront probablement à travailler efficacement à la maison tout en réglant le problème d’autonomie de leurs enfants. Bref, les entreprises qui permettront une meilleure conciliation travail-famille seront encore plus attrayantes et attireront par surcroit du personnel plus tendance.


Est-ce que nos écoles primaires et secondaires finiront par donner des cours à distance par vidéoconférence ? Certaines écoles privées le feront certainement pour se distinguer de la compétition. Ce nouveau besoin est une belle opportunité pour les sociétés de services informatiques. Quant aux écoles publiques, plusieurs sont munies de détecteurs de métal chez nos voisins du sud afin de prévenir la violence. Il ne faudrait pas s’étonner que la désinfection des mains devienne obligatoire à l’entrée de l’école afin de prévenir le nouveau risque de l’heure : la pandémie.


Finalement, nos urbanistes, fidèles pourfendeurs de l’étalement urbain et défenseurs du transport en commun, devront peut-être revoir leur discours. À l’heure actuelle, les aires communes des tours à condominium, SPA, sauna et salles d’entrainement, sont fermées à double tour. Je sens que les marchés des exerciseurs maison et du cinéma maison vont bondir.


L’économie mondiale connaîtra probablement son pire krach depuis la grande dépression de 1929. Plusieurs entreprises ne survivront pas. Cependant, plusieurs nouvelles entreprises verront le jour. Dans l’histoire, les périodes le plus difficiles sont souvent les plus riches en innovations. L’humain est ainsi fait : quand tout va trop bien, son cerveau s’engourdit. Les bouleversements économiques créent de nouvelles opportunités et contrecarrent une fâcheuse tendance du capitalisme à concentrer la richesse et le pouvoir toujours entre les mêmes mains. Toutefois, cette transition ne se fera pas sans douleur. Une fois de plus, l’entrepreneur devra se réinventer. Vu de cet angle, la pandémie pose un défi excitant. Alors, saisissez les opportunités et passez à l’histoire.


Romain Gagnon, ing.


PS : Alors que le présent article traite spécifiquement de l’impact de la pandémie sur le monde des affaires et la conciliation travail-famille, j’ai aussi produit une réflexion ontologique sur le sujet. Si cet autre article vous intéresse, je vous invite à le lire au https://medium.com

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